Faits
La ville de Raqqa en Syrie a été prise par les militants de l’État islamique (EI) en 2014. Sous le contrôle de l’État islamique, la minorité yézidie a été privée de ses libertés et droits fondamentaux. Les femmes, les hommes et les enfants étaient considérés comme des biens et soumis à l’esclavage, au commerce d’esclaves, à l’esclavage sexuel, au travail forcé, à la privation de liberté et aux exécutions extrajudiciaires.
Lina Laina Ishaq, de nationalité suédoise, s’est rendue en Syrie en 2013 avec quatre de ses enfants pour rejoindre son mari et un fils aîné. L’un de ses fils, âgé de 12 ans, a été recruté par l’EI et utilisé comme enfant soldat. Il est mort au combat en 2017.
Lina Ishaq aurait été impliquée dans l’achat et la réception de femmes et d’enfants appartenant à la minorité yézidie dans sa résidence de Raqqa. Elle aurait traité ces personnes comme des esclaves et abusé d’elles de nombreuses manières, notamment en les forçant à vivre sans nourriture, vêtements ou chaleur suffisants.
Lina Ishaq est retournée en Suède en 2020.
Procédure
Le 4 mars 2022, Lina Ishaq a été reconnue coupable de crimes graves au regard du droit international et de crimes de guerre graves pour avoir manqué, en sa qualité de tutrice légale, à son obligation d’empêcher son fils de 12 ans d’être recruté et utilisé comme enfant soldat par l’État islamique pendant le conflit armé en Syrie. Elle a été condamnée à six ans d’emprisonnement.
Le 19 septembre 2024, alors qu’elle purgeait la peine prononcée à l’issue de sa précédente condamnation, l’autorité suédoise chargée des poursuites a inculpé Lina Ishaq pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre graves commis à Raqqa, en Syrie, entre août 2014 et décembre 2016. Elle est accusée d’avoir détenu neuf personnes, dont six enfants mineurs et trois femmes adultes, dans sa maison de Raqqa. Selon l’acte d’accusation, ils ont été traités comme des esclaves, ont été contraints d’effectuer des travaux forcés et ont subi de graves souffrances et des tortures. Lina Ishaq est également accusée d’avoir vendu des personnes à l’État islamique en sachant qu’elles risquaient d’être tuées ou soumises à de graves abus sexuels.
Le parquet suédois a identifié Lina Ishaq grâce aux informations communiquées par l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD).
Le procès s’est ouvert le 7 octobre 2024 devant le tribunal de district de Stockholm.
Accusée d’avoir réduit en esclavage des femmes et des enfants yézidis en Syrie pendant l’hiver et le printemps 2015, Lina Ishaq a été reconnue coupable, le 11 février 2025, de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. La Cour a déclaré que ses crimes justifiaient une peine de 16 ans, mais la prise en compte d’une peine antérieure a ramené la peine à 12 ans.
Le 17 février 2025, le procureur a fait appel de la condamnation prononcée par le tribunal de district. Au lieu d’une peine de 12 ans d’emprisonnement, le procureur demande une peine d’emprisonnement à vie.